Son adversaire libéral Dominique Anglade a une tout autre vision : 185 000 chômeurs, 270 000 postes vacants. Il est évident aujourd’hui que réduire les limites ne va pas dans le bon sens. Son parti propose d’augmenter les limites d’immigration à 70 000 par an pour répondre à la demande croissante de main-d’œuvre dans la province. L’immigration permet-elle vraiment de répondre à tous les besoins dans ce domaine ? Les experts ne sont pas d’accord sur ce point.

Solution aux besoins immédiats

Dans une étude de Statistique Canada publiée en juin dernier, le constat est assez clair : les travailleurs immigrants permettent de combler des pénuries dans plusieurs secteurs. Nous apprenons que de 2010 à 2019 à l’échelle nationale, ces personnes étaient responsables de 84 % de la croissance de la population active totale et de 55 % de la croissance des emplois hautement et moyennement qualifiés. De plus, les immigrants récents – ceux qui sont au pays depuis 10 ans ou moins – occupent de nombreux postes plus difficiles à pourvoir. Ils représentaient 8 % de la main-d’œuvre l’an dernier, mais représentaient 13 % des travailleurs de la restauration et de l’hébergement et 10 % des travailleurs de la fabrication et du transport. L’agence conclut qu’une augmentation des flux d’immigration sera nécessaire pour atténuer, du moins en partie, l’impact d’une population canadienne vieillissante sur le marché du travail. Le gouvernement fédéral veut augmenter le nombre d’immigrants dans le pays à 450 000 par an d’ici 2024. Photo : Reuters/Mark Blinch De plus, au Québec, près d’un emploi sur cinq est occupé par un immigrant, selon l’Institut du Québec. C’est plus que le poids démographique de ces personnes dans la province.

Effet négligeable à long terme ?

Par conséquent, la migration peut atténuer les effets directs de la main-d’œuvre dans certains secteurs ciblés. Dès 2016, un rapport du Conseil consultatif fédéral sur le développement économique recommandait d’augmenter le nombre d’immigrants que le pays admet chaque année à 450 000 pour faire face aux effets du vieillissement de la population et répondre aux problèmes de main-d’œuvre. Le gouvernement Trudeau a adopté cette cible pour 2024. Juste avant la pandémie, le Canada avait accueilli plus de 341 000 résidents permanents. Mais dans un rapport remis en mai dernier par Pierre Fortin au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec, l’économiste explique qu’augmenter le nombre d’immigrants n’aurait presque aucun impact à long terme. . Pierre Fortin soutient que les immigrants augmentent la population active, mais ils augmenteront également la demande de biens et de services. Ils auront des besoins en matière d’éducation ou de santé et consommeront, il faudra donc plus de travailleurs pour répondre à leurs besoins. Dans son rapport, l’économiste souligne également que le vieillissement de la population ici est déjà trop fort pour être résolu de manière significative en augmentant les limites d’immigration.

Poids de la population du Québec

Chose certaine, avec les seuils actuels promis par les différents partis politiques, le poids démographique du Québec au sein du Canada est voué à diminuer. Pour le maintenir à 23 % – son poids actuel, selon le dernier recensement –, il faudrait accueillir plus de 100 000 immigrants dans la province l’an prochain, en tenant compte de l’objectif d’environ 450 000 immigrants fédéraux. La proposition du PQ d’accueillir 35 000 immigrants représenterait 8 % de tous les résidents permanents accueillis au pays l’an prochain. A l’opposé, les 70 000 immigrés promis par Dominique Anglade porteraient ce chiffre à 16 %. Avec la collaboration d’Olivier Bachand et Nathalie Lemieux