Cent cinquante-huit milliards d’euros. C’est le montant que la Russie a collecté au premier semestre, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, et ce, grâce à ses exportations d’hydrocarbures, dont l’Union européenne (UE) était le principal destinataire. rapport, publié lundi 5 septembre, des experts du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA). “Au moins 43 milliards d’euros sont entrés dans les caisses de l’État russe (en 2021, le budget fédéral était de 230 milliards d’euros) grâce aux impôts et aux droits de douane depuis le début de la guerre”, estime Lauri Myllyvirta, l’auteur principal. A ce stade, ajoute-t-il, “ces revenus dépassent le coût des dépenses militaires russes estimé à 100 milliards d’euros, alors que la destruction des infrastructures ukrainiennes est estimée à 110 milliards”. Lire aussi : Guerre en Ukraine : gaz, matières premières, céréales… quelle interdépendance économique UE-Russie ?
La raison d’une telle aubaine ? Le coût. Malgré les sanctions et une réduction des importations en provenance de l’UE, Moscou a été en mesure de compenser habilement la baisse des volumes d’exportation par une hausse des prix, en particulier sur les marchés européens. Dans le gaz naturel, par exemple, le spectre de la diminution des flux a alimenté des gains stratosphériques, les prix de gros ayant plus que triplé par rapport à 2021. Autrement dit, en juillet-août, les volumes exportés étaient en baisse de 25 % par rapport à 2021, sur la même période. période, tandis que les revenus ont augmenté de 30 %. En conséquence, “les importations de gaz naturel ont peut-être chuté de 70%, mais les recettes d’exportation de ce pays ont à peine changé”. Au premier semestre, l’UE était encore le premier importateur de combustibles fossiles russes (85 milliards d’euros), devant la Chine, la Turquie et l’Inde. Avec, au sein de l’UE, l’Allemagne en tête, suivie des Pays-Bas, de l’Italie, de la Pologne et de la France (5,5 milliards d’euros).

La Chine a remplacé l’Allemagne

Un panorama qui ne devrait toutefois pas évoluer dans les mois à venir. Ensemble, l’UE, l’OTAN et les pays du G7 (en fait l’UE, la Turquie et le Japon) ont importé 56 % des exportations russes de combustibles fossiles en juillet-août. Mais ce chiffre, bien qu’important, est en baisse de 75% par rapport à la période pré-invasion, notamment en Europe. Au cours de la période, les ventes de gaz naturel russe (« piped ») ont chuté de 56 % au total, tandis que celles de charbon et de gaz naturel liquéfié ont chuté de 29 % et 15 % respectivement. Seule exception : l’or noir. Dans ce secteur, où l’embargo de l’UE n’entrera en vigueur que le 5 décembre, la Russie est même parvenue à augmenter ses ventes (+ 19 %). A travers de nouveaux magasins en Inde, en Chine, aux Emirats Arabes Unis et en Egypte. Vous avez lu 33,24% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.