Ce sont les propos de Jean-Pierre Charbonneau, ancien ministre péquiste de la Réforme des institutions démocratiques et président du Mouvement Nouvelle Démocratie, qui prône la création d’un nouveau système électoral depuis 1999 au Québec. M. Charbonneau n’arrive pas à croire que François Legault nie si facilement une entente interpartisane signée en 2018 alors qu’il était encore dans l’opposition. Surtout, il lui en veut de rejeter la faute sur les épaules des Québécois en prétendant qu’ils n’en veulent pas. Il se contredit et se déshonore, insiste-t-il, accusant M. Legault de tromper la population. Le président du Mouvement Nouvelle Démocratie, Jean-Pierre Charbonneau Photo : Radio-Canada / Olivier Lalande “C’est drôle, ce n’est pas ce qu’il disait lors des dernières élections, et ce n’est pas ce qu’il nous a dit toutes ces années. Il est très choquant et méprisant de l’entendre utiliser cet argument. » — Citation de Jean-Pierre Charbonneau, président du Mouvement Nouvelle Démocratie Dimanche après-midi, à l’occasion de l’émission Cinq têtes, des élections, François Legault a expliqué en substance que si son gouvernement a abandonné le projet de loi 39, l’an dernier, c’est parce que changer le système électoral n’est pas une priorité. La population, à l’exception de quelques intellectuels, n’est pas intéressée à changer le système électoral. Ça n’a pas d’importance pour les Québécois, c’est tombé en prime time. Cette affirmation est cependant contredite par de nombreuses sources, à commencer par les écrits antérieurs de sa propre formation politique. En 2016, un communiqué publié par la CAQ était clair : Il y a souvent de grandes différences entre la répartition des sièges et la répartition des votes. Ce n’est pas toujours très démocratique. Tout le monde est arrivé à la même conclusion, écrivait le parti à l’époque. « À la CAQ, nous sommes tous d’avis que la volonté populaire n’est manifestement pas respectée et que la représentation proportionnelle mixte servirait au mieux les intérêts de tous les Québécois. » — Un extrait de Extrait d’un communiqué de presse de la CAQ publié en 2016 En 2019, selon les résultats du sondage Léger révélés par Le Devoir, 69 % des répondants souhaitaient que François Legault tienne sa promesse de réformer le système électoral. Plus de 60 % ont également dit qu’ils trouvaient injuste qu’un parti qui a remporté 37 % des voix remporte 59 % des sièges à l’Assemblée nationale et dirige un gouvernement majoritaire, comme l’avait fait la CAQ en 2018. Après la déclaration de M. Legault dimanche, Radio-Canada a reçu des courriels de téléspectateurs qui se disaient déçus d’entendre le chef de la CAQ assumer leur désintérêt pour cette réforme. “Je ne suis pas un intellectuel, comme il le dit, et cela m’intéresse beaucoup. Je crois que c’est précisément parce que [de ce] une sorte de système pour lequel de moins en moins de gens voteront. » — Un extrait de Extrait d’un e-mail d’un spectateur

Des avantages, Legault le reconnaît

Lundi, François Legault a été contraint de revenir sur le sujet. Il a d’abord admis que les systèmes de vote proportionnel offraient des avantages, comme en témoignent des études en sciences politiques. En plus de réduire la distorsion entre le nombre de suffrages et le nombre de sièges remportés par les partis, les systèmes de scrutin proportionnel encouragent la participation des citoyens à l’électorat. Cependant, M. Legault s’est empressé d’ajouter que la proportionnalité a aussi ses inconvénients. Cela amène plus de gouvernements minoritaires, a-t-il suggéré. Puis il est revenu sur son premier argument : Avec la pandémie que nous vivons depuis deux ans et demi, je suis profondément convaincu que la grande majorité des Québécois, lorsqu’ils listent leurs priorités, le mode de scrutin, ce n’est pas dans leur priorités. Une heure plus tard, lors d’un rassemblement de militants à Gatineau, les commentaires recueillis auprès de ses partisans semblaient lui donner en partie raison.

Qu’est-ce que c’est?

Un homme sur place a dit qu’il ne le voyait pas comme une priorité. Dans le même souffle, il a cependant admis que le problème n’était pas sa tasse de thé. Il faudrait m’expliquer davantage, avoua-t-il. Lorsqu’on lui a demandé si elle préférerait un mode de scrutin proportionnel, une partisane de François Legault a répondu à Radio-Canada, au lieu de cela : Qu’est-ce qu’un mode de scrutin proportionnel? Après une courte discussion montrant que le mode de scrutin actuel permet de récolter moins de 40% des suffrages, mais de remporter la majorité à l’Assemblée nationale, la dame de 80 ans a vite compris de quoi il s’agissait : Ce n’est pas juste , ce. Cela devrait-il changer ? Pour l’instant, ça peut rester ainsi, a répondu avec satisfaction le gouvernement sortant.

Allez Monopoly

Sur ce front, le Parti Québécois (PQ) a attaqué François Legault. S’il ne veut pas réformer le système électoral aujourd’hui, c’est parce que le système lui profite, ce qui n’était pas le cas lorsqu’il était dans l’opposition, estime le candidat péquiste dans Matane-Matapédia, Pascal Bérubé. La priorité est de rester au pouvoir, ironise-t-il. Le fait qu’on puisse avoir, un peu comme le Monopoly, tous les sièges, tout le terrain au Québec, c’est troublant. Au lieu d’inventer des raisons fantasques et d’inventer qu’il s’agit d’une entreprise intellectuelle, il devrait simplement assumer et dire: «Je me suis fait un Justin Trudeau. J’ai pris un engagement et je l’ai rompu», a déclaré le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau – Dubois. . J’invite les Québécois à prendre des notes. François Legault, en campagne électorale, promet des choses et, une fois au pouvoir, décide s’il s’en soucie ou non, tonne M. Nadeau-Dubois.