Pour y remédier, le premier ministre sortant aimerait confier à Hydro-Québec le mandat d’étudier la possibilité de construire de nouveaux barrages en sol québécois. M. Legault ramène ici une idée déjà évoquée lors de son arrivée au pouvoir à l’automne 2018. Pour vous donner un ordre de grandeur, Hydro-Québec produit 200 térawattheures par année [TWh] d’électricité. […] Nous aurons besoin de 100 TWh de plus d’ici 2050, a déclaré M. Legault. “Nous prévoyons que d’ici 2050, nous aurons besoin [de l’équivalent] de la moitié d’Hydro-Québec. Nous devons commencer à travailler dessus. » — Une citation de François Legault, chef de la Coalition avenir Québec Afin de faire la transition énergétique et d’atteindre son objectif 2050, la Coalition avenir Québec (CAQ) sait qu’elle devra électrifier tous les secteurs d’activité de la province. Il nous faudra beaucoup d’électricité pour remplacer les hydrocarbures, a proposé M. Legault. En plus d’approvisionner tout le Québec, Hydro-Québec doit aussi acheminer de l’électricité vers les provinces voisines avec lesquelles le gouvernement Legault a des ententes. Sous sa direction, le Québec remporte le plus important contrat d’approvisionnement en électricité de son histoire, un projet de 30 milliards de dollars américains avec l’État de New York. À cela s’ajoute la ligne Appalaches-Maine, une entente conclue sous les libéraux de Philippe Couillard qui permettra à l’entreprise publique d’exporter son énergie au Massachusetts pendant 20 ans. Si la construction de nouveaux barrages hydroélectriques se concrétise, le patron de la CAQ entend raccourcir les délais, qui sont actuellement estimés à une quinzaine d’années. Le développement de ces grands projets se fera en collaboration avec les communautés autochtones et inuit, a-t-il ajouté. Interrogé sur l’emplacement de ces nouvelles installations, M. Legault a répondu qu’il reviendrait à Hydro-Québec de faire ses propositions au cours des prochains mois. Selon le Premier ministre sortant, l’entreprise publique réfléchit déjà à des alternatives. Plus tôt cette année, la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, n’avait pas prévu la construction de nouveaux barrages, préférant miser sur l’efficacité énergétique. Dans son Plan stratégique 2022-2026, Hydro-Québec indique toutefois qu’elle étudie toutes les options possibles pour répondre à l’évolution de la demande d’électricité, dont le développement de nouvelles constructions. Selon les objectifs d’Hydro-Québec – présentés dans le plan publié en mars dernier – la CAQ estime pouvoir gagner au moins 8 TWh grâce à l’efficacité énergétique et ajouter 3 000 mégawattheures (MW) d’énergie éolienne. Parallèlement à ces mesures, la CAQ s’engage à accorder 40 millions de dollars pour financer le projet Vallée de la transition énergétique, qui regroupe les villes de Trois-Rivières, Shawinigan et Bécancour, afin de favoriser le développement et la fabrication de batteries pour voitures électriques. M. Legault s’engage également à faire passer le nombre de bornes de recharge de niveau 2 de 6 500 à 21 500 et le nombre de bornes de vitesse pour voitures électriques de 1 000 à 2 200 d’ici 2026. Dans son Plan économie bleue, présenté en 2020, le gouvernement Legault s’était fixé une cible de 2 500 terminaux express d’ici 2030. Une administration Legault versera 50 millions de dollars annuellement tout au long du mandat pour augmenter les bornes de recharge d’un bout à l’autre de la province. Avant de s’engager mardi à augmenter la production d’électricité, la CAQ avait annoncé en début de campagne son intention de créer un Fonds bleu pour protéger les ressources en eau du Québec.

Une idée rejetée par PLQ et QS

Ce que le premier ministre sortant avait annoncé la veille comme “le projet le plus important de l’histoire du Québec” a toutefois été loin d’impressionner le chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éléphant a donné naissance à une souris, a-t-il dit, exprimant le même regret que la proposition environnementale annoncée “en grande pompe” par la CAQ soit “un courriel à Sophie Brochu”. “C’est gênant pour quelqu’un qui aspire à gouverner le Québec en 2022.” — Une citation de Gabriel Nadeau-Dubois, co-représentant de Québec solidaire Québec solidaire, qui a présenté dimanche son plan climat, ne voit pas la construction de nouveaux barrages hydroélectriques comme nécessaire pour atteindre son objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) de 55 % par rapport au niveau de 1990 à 2030. S’il arrive au pouvoir, le parti concentrera ses efforts sur l’augmentation de l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables, a expliqué M. Nadeau-Dubois. Le chef libéral Dominique Anglade a également exclu la construction de nouveaux barrages. N’est pas [la solution] qui a été maintenue lors de l’élaboration de la plate-forme électorale, a-t-il expliqué. QLP a fait du développement d’une filière hydrogène vert la pièce maîtresse du projet ECO de lutte aux changements climatiques. Le parti est favorable à la construction de nouvelles infrastructures alimentées par l’énergie solaire et éolienne.

Objectifs climatiques du parti

PQ : -45% du niveau 2010 à 2030 CAQ : -37,5 % du niveau de 1990 à 2030 PLQ : -45% par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030 QS : -55 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030 PCQ : Pas d’objectif de réduction de GES

Pour sa part, le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, ne ferme pas la porte à la construction de nouveaux barrages, mais croit qu’il faut d’abord et avant tout régler la question de l’efficacité énergétique. Comme Québec solidaire, le PQ a également présenté la semaine dernière son plan de réduction des gaz à effet de serre, qui fixe des cibles pour chaque secteur d’activité économique, contrairement à la Coalition avenir Québec. Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a pour sa part appelé le chef de la CAQ à révéler plus de détails sur sa proposition. Des questions demeurent sans réponse, comme la hausse potentielle des tarifs d’Hydro-Québec ou les négociations qui pourraient avoir lieu avec les Premières Nations si le barrage en question était construit sur des terres autochtones, a-t-il dit. Je pense que M. Legault a le devoir de soumettre des études et des détails sur tout cela avant les élections, parce que pour l’instant ce qu’on avait aujourd’hui, c’est un peu le bazar, dit-il. Rappelons que la CAQ s’est engagée à réduire les émissions de GES de la province de 37,5 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030. Cependant, les mesures prises durant son mandat sont insuffisantes pour atteindre sa cible et assurer la transition énergétique, selon les experts consultés par Radio-Canada.