Face à une certaine urgence médiatique, l’entraîneur du Paris Saint-Germain Christophe Gaultier a tenté mardi 6 septembre de dédramatiser la polémique suscitée par ses propos climatiques de l’autre jour. A l’issue du match de Ligue des champions qu’il a remporté face à la Juventus, l’entraîneur parisien a fait son mea culpa au micro de Canal+ : « Croyez-moi, je suis préoccupé par les problèmes climatiques de notre planète, je connais la responsabilité que nous avons. (…) On n’est pas au-dessus du sol, on est très clair, c’est juste une blague qui tombe au mauvais moment, qui est de mauvais goût, et je le regrette. » Lundi, Christophe Galtier et l’attaquant parisien Kylian Mbappé ont été interrogés en conférence de presse sur la possibilité d’utiliser le train, plus écologique qu’un avion privé, après le déplacement de l’équipe à Nantes. “Ce matin, nous avons discuté avec la société avec laquelle nous voyageons pour savoir si nous pouvions voyager en char à voile”, a ironisé Christophe Galtier, immédiatement après un éclat de rire de Kylian Mbappé. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés “Le monde du football doit développer une conscience éco-responsable avec des objectifs à long terme”
Le “carton rouge climatique” de Greenpeace.
La série est immédiatement devenue virale, déclenchant un tourbillon médiatique et politique après un été marqué par trois canicules et des feux de forêt récurrents.
“Je pense qu’il est important qu’ils fassent [les footballeurs] réalisent dans quel monde nous sommes, qu’ils réalisent qu’il y a une crise climatique qui n’est plus un problème pour demain, mais une réalité maintenant », a déclaré la Première ministre, Elizabeth Bourne.
“J’invite vraiment le PSG à traiter ce dossier très sérieusement, car les Français ne comprendraient pas que certains se considèrent au-dessus du réchauffement climatique”, a souligné la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
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Dans la soirée, juste avant le match de Ligue des champions, Greenpeace a déployé un yacht de sable et bannière à proximité du Parc des Princes pour décerner au club un “carton rouge climatique”. Le patron de l’ONG environnementale a appelé Mbappé à mettre son “aura autour du monde” au service de la “lutte” contre la crise climatique.
Des militants de Greenpeace avec un char à voile et des banderoles autour du Parc des Princes pour sensibiliser au climat, avant le match de Ligue des champions entre le PSG et la Juventus, à Paris, le 6 septembre 2022. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Discussions entre le PSG et la SNCF
Avant le mea culpa de son entraîneur, le PSG avait pris soin d’indiquer qu’il étudiait “toutes les possibilités de déplacement pour les matches à l’extérieur du club, environ vingt-cinq par saison”. Des discussions sont également en cours avec la SNCF. Selon le PSG, la priorité reste “la sécurité, le respect de l’ordre public, les questions logistiques et l’environnement”, mais le club a précisé qu’il s’était déplacé jusqu’à Lille en car et envisageait de le refaire “quand cela sera possible”, pour Troyes, Reims. , Auxerre et Lens. Pour son déplacement à Nantes vendredi, le club a mis en avant le retard et l’impossibilité d’obtenir un train retour pour justifier le choix de l’avion. « Nous sommes personnalisés », a répondu un porte-parole de TGV-Intercités, dont le directeur général, Alain Krakovitch, avait lancé le raffut dimanche en proposant ses services au PSG dans un message sur Twitter. Avec des limites : la SNCF reconnaît que les retours tardifs peuvent poser problème, les lignes ferment souvent la nuit pour travaux. La SNCF propose la privatisation de trains entiers – ce qui peut faire beaucoup pour une seule équipe (500 places dans un TGV) – ou d’une ou deux voitures de 1ère classe. Un enjeu majeur concerne la sécurité : comment gérer les attroupements potentiels de supporters qui attendent les stars du PSG dans une gare parisienne ? La compagnie ferroviaire répond qu’elle peut assurer la sécurité grâce à la Suge (Sécurité SNCF), éventuellement assistée du service de sécurité du club. A lire aussi : La NBA prend des mesures pour réduire son empreinte carbone
“Si c’est mieux pour la planète, on le fera”
“Le club discute, laissons faire ceux qui s’en occupent”, a déclaré mardi soir le défenseur brésilien du PSG Marquinhos. Pas d’inquiétude à avoir, si c’est pour le bien de l’écologie, nous avons déjà pris le train, au Japon, par choix. Si c’est mieux pour la planète, on le fera. »
La SNCF prétend déjà transporter plusieurs équipes de rugby – et sera chargée de transporter la plupart des sélections qui s’affronteront lors de la Coupe du monde 2023 – mais leur réputation n’est pas au niveau du PSG. Les équipes féminines et masculines de football de L1 font également appel à ses services, précise-t-il, sans préciser lesquels.
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Selon une étude de la Ligue de football professionnel (LFP), sur l’ensemble des matches de Ligue 1 et de Ligue 2 de la saison 2019-2020, 65 % des déplacements des équipes se sont faits en avion, 31 % en bus et 4 % en train.
Dans les principales ligues étrangères, en Italie, en Espagne et en Allemagne, l’usage du train n’est pas rare. En Angleterre, avec sept clubs à Londres – plus d’un tiers du championnat – les trajets sont plus courts, et même les clubs de Manchester ou de Liverpool n’hésitent pas à affréter des trains pour rejoindre la capitale. Pourtant, en octobre 2021, Manchester United s’est fait clouer pour avoir pris l’avion pour Leicester, 160 km de route, un vol de… dix minutes.
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Le monde avec l’AFP