Chargée de cours à l’Université de Montréal, experte invitée devant les tribunaux et dans de nombreux médias, Joane Turgeon aurait manipulé et rabaissé au moins trois femmes qui travaillaient à ses côtés à SOS violence conjugale, selon des documents et une vingtaine de témoignages recueillis par notre bureau d’enquête. “C’est quelqu’un qui connaît les rouages ​​de la violence [psychologique] et qui les utilise », résume une de nos sources qui, comme toutes les autres, s’est exprimée sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. En 2016, SOS Conjoints a commandé une enquête par une firme privée après que trois des collègues de Mme Turgeon aient signalé des dizaines d’épisodes de violence psychologique, qui se seraient étalés sur deux ans. L’enquête a conclu que « les situations se sont avérées […]prises dans leur ensemble, elles constituent du harcèlement psychologique. » “De tels comportements sont inappropriés en milieu de travail, sont hostiles, importuns et constituent un comportement perturbateur de la part de Mme Turgeon envers les membres de son groupe de travail”, indique le rapport, rédigé en 2017. Image gentille
Avant même cette enquête, une enquête interne avait révélé fin 2014 que 85 % des employés de l’agence affirmaient avoir été témoins ou victimes de harcèlement psychologique de la part de la direction, alors détenue par Joane Turgeon. “Il y a des filles qui en avaient peur”, raconte une de nos sources. “Tout le monde courait sur les murs pour éviter les couteaux. C’était absurde de voir ça », ajoute un autre. En plus du harcèlement observé, Joane Turgeon aurait utilisé la signature électronique de la présidente du conseil sans son consentement. Elle aurait également demandé à des employés, pendant leurs heures de travail, de l’aider en sous-main dans un de ses dossiers disciplinaires devant l’Ordre des psychologues, afin de corroborer les témoignages et courriels consultés. Interviewée par notre Bureau des enquêtes, Joane Turgeon nie avoir harcelé des collègues (voir autre texte). Il admet avoir utilisé la signature du président du conseil, mais parce qu’il en aurait le pouvoir. Elle reconnaît que le personnel a travaillé sur son cas avant son ordre de travail, mais qu’il l’aurait fait à temps. Joane Turgeon a été congédiée en juillet 2017 à la suite des conclusions de l’enquête. Elle a déposé une plainte en matière de normes du travail pour congédiement injustifié, pratique interdite et harcèlement psychologique. Les parties sont parvenues à un règlement confidentiel en novembre 2019. Une chose est certaine, Joane Turgeon n’a jamais repris ses fonctions à SOS dhune conjugale. Malgré ces allégations inquiétantes, la psychologue, aujourd’hui âgée de 67 ans, continue de mener une carrière prestigieuse (voir encadré). Joane Turgeon a récemment participé à une série de balados sur l’éditeur controversé Michel Brûlé, décédé en 2021. La psychologue partage son expérience du harcèlement psychologique au travail subi par l’auteure et animatrice India Desjardins. “Ce qui m’étonne, c’est qu’il continue d’enseigner à l’Université de Montréal”, taquine une source.

Psychologue et consultante spécialisée dans les situations de violence conjugale, familiale et sexuelle, ainsi que dans les cas de violence et de harcèlement psychologique au travail.

Scène du documentaire “Face aux monstres”

                  Bien qu’elle ait été congédiée pour avoir harcelé des collègues, Joane Turgeon a continué d’agir dans les médias en tant qu’experte en violence psychologique et conjugale.  En 2019, on la voit dans le documentaire Face aux monstres. 	                

Entrevue sur le podcast Tomber : Michel Brûlé (2022) et l’essai Mister Big ou la glorification des amours toxiques (2021), d’India Desjardins, en plus du documentaire Face aux monstres d’Ingrid Falaise (2019).

Capture d’écran, Youtube

                  En 2022, il participe à un podcast avec l’animatrice et humoriste Mélanie Ghanimé. 	                

Auteur de Comprendre la violence dans les relations amoureuses (2018).

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                  Joane Turgeon a également publié un livre en 2018. 	                

Expert invité devant les tribunaux et dans de nombreux médias au fil des ans, dont Radio-Canada, TVA, 98.5, The Gazette et Metro. Chargé de cours depuis 1993 à l’Université de Montréal, où il enseignera le cours “violence familiale et conjugale” cet automne.

Joane Turgeon a été accusée de 76 chefs de harcèlement psychologique relativement à trois intervenants de SOS violence conjugale. Le psychologue aura :

assigné des tâches humiliantes aux employés fait des commentaires désobligeants sur le travail des employées a demandé à un employé d’enregistrer des conversations téléphoniques pour les écouter plus tard forcé un employé à travailler dans son bureau, à ses côtés, pendant des années fait pression sur les employés pour qu’ils signent des documents contenant de fausses informations divulgué des informations personnelles sur des collègues ; a ordonné aux travailleurs de rester au bureau après leur quart de travail

9 affirmations sur le climat de travail 9 plaintes pour infractions 9 allégations de carences dans sa gestion 4 allégations concernant son manque de coopération lors de l’enquête

Joane Turgeon nie avoir harcelé ses collègues et insiste sur le fait que son congédiement est le résultat d’un « coup d’État » visant à l’évincer. “J’ai la conscience tranquille. Je sais que je n’ai jamais harcelé personne. Ça ne s’est pas fait », a plaidé Joane Turgeon, lors d’une rencontre avec notre Bureau d’enquête. L’ancienne directrice de SOS violences conjugales affirme au contraire qu’elle-même a été victime de harcèlement psychologique de la part de subordonnés, qui auraient menti et comploté pour “se débarrasser” d’elle. “Il suffit de quelqu’un pour réussir à influencer beaucoup de gens et leur faire croire que cette personne est un monstre”, a-t-il déclaré. Joane Turgeon se souvient d’avoir porté plainte pour harcèlement psychologique et congédiement injustifié après sa suspension. La psychologue avait également entamé un long témoignage devant le tribunal administratif du travail (TAT), en 2018 et 2019. Lors de son interrogatoire, elle avait affirmé, entre autres, que le climat de travail dans l’organisation était “dégoûtant” en raison de l’attitude des employés. Une réclamation qui avait pris le juge administratif par surprise. « Dans un environnement de travail dangereux, la première personne à être tenue pour responsable est [la directrice] “, a-t-il souligné.
Le juge administratif n’a pas eu à trancher l’affaire, qui a été réglée à l’amiable en novembre 2019. L’ancienne manager – qui dit n’avoir jamais pu lire le procès-verbal qui a conduit à son licenciement – ​​estime que l’environnement de travail était malsain bien avant son arrivée et que la situation a persisté longtemps après. Joane Turgeon et deux personnes qui ont travaillé avec elle en 2014 et 2015 affirment que la violence est venue des travailleurs. “C’est ce que j’ai essayé de gérer pendant des années et cela a finalement échoué. […] Et mon départ n’était pas la solution au problème”, a-t-il ajouté en terminant.
Joane Turgeon a été suspendue de sa classe professionnelle pour s’être liée d’amitié avec un client, avec qui elle est encore très proche aujourd’hui. « Avec Joane, il n’y avait pas de frontières. Il n’y avait pas de place pour la séparation de la vie professionnelle et privée. Tout était déroutant », raconte une femme qui, comme beaucoup d’autres à qui nous avons parlé, a été témoin de cette relation.
Selon des documents judiciaires, Joane Turgeon a rencontré ce client en juin 2006, lors d’une évaluation psychosociale dont nous avons obtenu une copie. La femme alors âgée de 50 ans – qui ne peut être identifiée par une ordonnance du tribunal – a affirmé avoir subi des violences domestiques. Depuis octobre 2007, le quinquagénaire consulte régulièrement Joane Turgeon en tant que « travailleuse et guide ». En 2008, la psychologue a également témoigné pour son client dans une affaire devant le tribunal de la famille.
Mais la relation aurait dépassé le cadre professionnel et abouti devant le conseil d’administration de…