Son rendez-vous n’a duré que quelques jours. Partisan d’Eric Zemmour pendant la campagne présidentielle, Brieuc Frogier a démissionné mercredi 7 septembre du cabinet de la ministre des Affaires étrangères Sonia Backès pour la citoyenneté, sa nomination comme conseiller spécial suscitant de nombreuses critiques dans le monde politique. Dans un communiqué adressé à l’AFP, M. Frogier explique que “plusieurs médias ont pointé du doigt le soutien qu’il a apporté, il y a plusieurs mois, et depuis quelques semaines, à Éric Zemmour”. « Ces accusations ont mis mon ministre dans une position délicate, ce que je regrette profondément. Comme il est impensable de s’immiscer dans l’action de Sonia Backès en qui j’ai toute confiance, notamment pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, j’ai décidé de lui présenter ma démission.

Parrainage de Zemmour à la présidentielle

Brieuc Frogier avait été nommé conseiller spécial de Mme Backès à compter du 1er septembre, selon un décret publié mercredi au Journal officiel. Son passé d’ancien supporter d’Eric Zemmour a été révélé le même jour, notamment par franceinfo. Interrogée plus tôt dans la journée par Libération, l’entourage de Sonia Backès avait entrepris cette nomination, elle se vantait d’avoir un cabinet composé de “personnes aux sensibilités différentes”. “Nous avons des socialistes ou d’anciens socialistes, des gens plus à droite”, a expliqué au journal un proche du ministre des Affaires étrangères. L’élu de Nouvelle-Calédonie avait affiché son soutien au candidat Reconquête ! lors de l’élection présidentielle, notamment en lui assurant son parrainage “avec une grande fierté”, comme il l’écrivait sur Facebook le 16 février 2022. En décembre 2021, l’élu anti-indépendantiste du parti alliance L’Avenir en Confiance justifiait déjà son soutien en déclarant dans Outre-mer La Première : « Eric Zemur souhaite non seulement que la Nouvelle-Calédonie reste en France, mais trace les perspectives d’avenir de la Nouvelle-Calédonie. » Il avait surtout expliqué qu’il “ne se reconnaissait pas du tout dans la politique d’Emmanuel Macron en métropole” et que le candidat d’extrême droite était “le seul à planifier les perspectives d’avenir de la Calédonie”.

Parent de Sonia Backès

Comme le note le HuffPost, le consultant a été photographié début janvier 2022 au siège de Reconquest à Paris ! en compagnie du directeur de campagne du candidat d’extrême droite Bertrand de La Chesne. Référendum, renforcement des forces internes et du pouvoir des provinces, Eric Zemur force les vrais enjeux… https://t.co/cEZ7f44PVS — Benjamin Cauchy (@Benjamin Cauchy)
Aussi, sur une autre photo postée sur Facebook, Brieuc Frogier est apparu en compagnie du guerrier de l’extrême et s’est identifié comme “le représentant d’Eric Zemmour en Nouvelle-Calédonie”. Brieuc Frogier, qui a désormais rejoint la coalition non indépendantiste Ensemble ! se réclamant d’Emmanuel Macron, s’était retiré en mars 2022 de la campagne d’Eric Zemmour, selon le journal Demain en Nouvelle-Calédonie. Proche de Sonia Backès, il a été élu en 2019 conseiller en province sud de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des syndicats de droite conduite par le ministre des Affaires étrangères, qui préside depuis l’exécutif de cette collectivité. M. Frogier était à l’origine membre du Rassemblement-Les Républicains (version locale des Républicains), le parti de son père, le sénateur LR Pierre Frogier, qui a signé l’accord de Nouméa, avant de prendre ses distances avec cette formation historique non indépendantiste. “Je suis né à Nouméa, en pleine guerre civile. J’avais 7 ans quand nous avons été touchés par le drame d’Ouvéa”, écrit M. Frogier dans son communiqué. En 1988, les accords de Matignon avaient scellé la réconciliation entre loyalistes et séparatistes après de nombreuses années de violences meurtrières dans l’archipel, dont le drame de la grotte d’Ouvéa (21 morts). “Depuis ma naissance, je me suis engagé à construire une région où chacun trouve sa place, où deux drapeaux sont fièrement hissés, où la République avec sa grande générosité offre à chacun une place et une dignité”, a-t-il poursuivi dans ce texte affirmant la “sa Support”. pour Emmanuel Macron dans son action notamment sur le dossier Calédonie ». Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Avis de tempête à la Reconquête !, la soirée d’Eric Zemmour

“L’extrême droite au plus haut niveau de l’Etat”

La nomination de Brieuc Frogier avait provoqué la colère de plusieurs responsables politiques. “Quand les barrières tombent… Je suis fou de voir à quel point le parti présidentiel, qui a fait fortune sur le front républicain, a tendu les bras à l’extrême droite depuis juin”, a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste. estimé sur Twitter. , Olivier Faure. « Quelle conception de la citoyenneté est défendue par cette nomination ? », a-t-il conclu dans ce tweet. “L’extrême droite au plus haut niveau de l’Etat”, avait dénoncé le député “révolutionnaire” Thomas Portes sur le même réseau social. “Le macron, pied de l’extrême droite. À vomir », a ajouté l’ancien cheminot qui a été élu dans la 3ᵉ circonscription de Seine-Saint-Denis. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Autour d’Eric Zemur, la déception après la claque électorale
“Il y a des informations que nous ne voudrions jamais lire”, a taquiné sur Twitter l’eurodéputé français Pascal Durand, membre du groupe Renew Europe au Parlement européen. “Un ministre de la République, chargé de la citoyenneté, n’embauche pas comme conseiller spécial un ancien partisan d’Eric Zemur cinq mois après un appel à bloquer l’extrême droite, c’est indécent”, avait jugé l’écologiste élu sur une liste de La République en marche (LRM) en 2019. Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, avait quant à lui choisi de défier le locataire de Matignon. “Un partisan d’Eric Zemmour lors de l’élection présidentielle devient conseiller spécial de Sonia Backès, ministre déléguée à la Citoyenneté (sic !). Elisabeth Borne, vous ne pouvez pas approuver un recrutement aussi choquant dans un cabinet”, a-t-il tweeté. Interrogé à l’issue du conseil des ministres mercredi matin, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a indiqué avoir pris connaissance de cette nomination controversée et ne pas vouloir faire de commentaire. L’ancien ministre de la Santé avait simplement fait valoir que « les procédures de validation [des conseillers ministériels] sont des critères juridiques. “Les gens doivent respecter la loi”, a-t-il expliqué, évoquant ensuite les démarches exigées par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l’organe de contrôle de la dignité des agents publics. “C’est à la discrétion du ministre ou du ministre ou du directeur ou du directeur de cabinet de nommer les conseillers”, avait-il cependant fait valoir. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Comment le Rassemblement national a neutralisé le parti d’Eric Zemur pour les législatives
Bryce Laeml