Franceinfo vous résume ce que l’on sait de cette affaire révélée par la presse locale et dans laquelle le gouvernement a demandé une enquête administrative.
L’avertissement donné par l’un des anciens
C’était l’appel aux services sociaux d’un des frères aînés qui dirigeait la justice. Le parquet est saisi, les policiers se rendent au domicile familial et découvrent les enfants dans un “état d’hygiène déplorable”, décrit le procureur de Béthune. “On a affaire à certaines carences, manque d’hygiène, carences pédagogiques”, a souligné Thierry Dran, lundi, à l’issue d’une table ronde sur ce dossier. Il a cependant tenu à nuancer : “Nous n’avons pas d’enfants couverts d’excréments comme je l’ai lu partout.” La caractérisation de la “maison des horreurs”, vue dans la presse, est, pour lui, “complètement exagérée”. Ce n’est pas l’avis de Bryan, 21 ans, qui a lancé l’avertissement et porté plainte contre ses parents. “House of Horror est encore un petit mot pour moi”, a-t-il déclaré à BFMTV, devant la caméra, mercredi. “Je ne souhaiterais pas ce que nous avons vécu à mon pire ennemi” Brian, enfant maltraité de Noyelle-sous-Lens ‘maison des horreurs’, témoigne sur BFMTV pic.twitter.com/SRyxt2JiCI — BFMTV (@BFMTV) 7 septembre 2022 “La justice est insensible, une fois de plus, présente”, a-t-il déclaré en larmes mardi soir, toujours sur BFMTV, se disant “choqué” par les propos du procureur. Alors que ce dernier assure qu’il n’y a pas “de traces de coups sur les enfants”, Brian parle au contraire de “coups avec des bâtons, des fouets, des vadrouilles, des balais”. Il affirme que ses frères et sœurs plus jeunes ont été retenus “23 heures par jour” dans leurs chaises hautes ou poussettes. « Aujourd’hui, j’ai une petite fille de 20 mois : je vois que ce n’est pas comme ça qu’on élève un enfant. Quand ce n’est pas bon (…) on ne le punit pas en le forçant à rester trois à quatre heures à genoux sur le sol”, témoigne Libération Bryan, lui-même condamné à de nombreuses reprises pour des faits de violence, notamment en 2020, selon La Voix du Nord. Son frère aîné, l’aîné de la fratrie, affirme au quotidien être maltraité par ses parents parce qu’il est homosexuel : “J’ai subi du harcèlement physique et moral et des insultes homophobes parce que je suis homosexuel…” “Quand ils ont chassé mon frère aîné, ma petite sœur de 5 ans est née”, se souvient Brian, qui dit que ses parents avaient des enfants “pour qu’ils aient assez d’argent pour s’amuser, acheter le dernier téléphone et ne pas avoir à travailler”. . “Ce sont des enfants qui vivaient à la maison et dont ils supportent les frais”, a plaidé l’avocat du père auprès de Libération. “La violence décrite par les fils n’est pas de cette intensité. Parfois, il y a eu une gifle lancée en lien avec le comportement cruel d’un enfant, mais pas de maltraitance”, se défend encore Bertrand Henne.
Les enfants ont été placés, les parents bientôt jugés
A l’issue de l’intervention des services de police, les enfants mineurs des frères ont été placés “par union paritaire dans des établissements selon leur âge”, a expliqué la ministre d’Etat chargée de l’enfance, Charlotte Caubel, qui s’est exprimée à la fin de la table ronde, à côté du procureur. L’aîné devrait les rejoindre et le bébé a été placé dans une famille d’accueil, “en tenant compte de ses besoins spécifiques”. “Les enfants sont en sécurité”, a-t-il souligné. Leurs parents, un homme de 44 ans et une femme de 40 ans, ont été arrêtés le 30 août. Placés sous contrôle judiciaire, ils doivent être jugés le 24 janvier 2023 pour déficiences éducatives graves et “violences sur mineur de 15 ans par ascendant” sans ITT (incapacité totale de travail). Selon le parquet de Béthune, ils encourent jusqu’à trois ans de prison et 30 000 euros d’amende.
“Échecs” du suivi des enfants
Le ministre des Affaires étrangères explique que la famille était “connue” des services sociaux depuis un premier signalement en 2013. “Elles ont été suivies par un certain nombre d’acteurs pendant plusieurs années”, a précisé Charlotte Cobell. Mais “on n’a pas forcément vu toute la logique de la famille”, dit-il. “Il y a eu des signalements qui sont apparus de temps en temps”, notamment de l’Éducation nationale, “qui n’ont pas forcément été recoupés”. Charlotte Caubel a pointé des “défaillances” dans “la coordination et le partage d’informations” entre agences. Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat à l’Enfance était présente à Arras ce lundi. Il a évoqué le cas des enfants maltraités à Noyelles-sous-Lens : pic.twitter.com/WYmUlcnjC4 — Actu Pas-de-Calais (@ActuPasdecalais) 5 septembre 2022 La famille “était parfois très coopérative, parfois pas du tout”, a insisté le ministre des Affaires étrangères. “Lorsqu’elle a eu la visite des services sociaux, elle a peut-être mis de l’ordre chez elle avec bonne volonté ou consciemment pour cacher sa réalité”, a-t-il noté, parlant d’”abus à long terme”. “Il n’y a pas eu de visites surprises”, a déclaré Brian à BFM. [Nos parents] il savait tout organiser. Ils ont toujours réussi à nous embrouiller l’esprit, à nous dire qu’on allait être en famille d’accueil, que ce n’était pas joli là-bas.” “On a répondu que ça allait bien, mais dès qu’ils ont fermé la porte, ça a recommencé. ,’ il ajouta.
Une enquête administrative a été ouverte
Le secrétaire d’Etat à l’Enfance a annoncé le lancement d’une enquête administrative pour “déchiffrer” pourquoi “les inspections des affaires sociales, de la justice et de l’éducation nationale, aux côtés du département” “ont provoqué un tel retard de réponse”. Les investigations dureront “le temps qu’il faudra”, précise-t-on sur franceinfo. Outre l’enquête administrative, le gouvernement a proposé la mise en place d’un “comité de suivi renforcé”, qui associera l’ensemble des acteurs du département. Cette expérimentation est sanctionnée par une loi en février 2022. Elle doit permettre d’améliorer la “coordination” et “l’échange d’informations” entre les différentes agences de protection de l’enfance du Pas-de-Calais, où le taux de pauvreté dépasse les 19%. Un “quartier très particulier, avec un certain nombre de familles en situation difficile, la pauvreté”, a déploré Charlotte Caubel.